4 Perte et modification de la biodiversité :

Le changement climatique affecte fortement la biodiversité de la Méditerranée.

La migration des niches écologiques provoquée par le réchauffement des températures peut se traduire par la disparition de certaines espèces.

Avec l’élévation de la température de la mer, de nombreuses espèces originaires de l’Océan indien pénètrent via le canal de Suez, aujourd’hui élargi, dans la Méditerranée orientale et mettent en péril les espèces méditerranéennes indigènes que ce soit les algues ou les animaux. La situation est d’autant plus préoccupante qu’il n’existe souvent pas en Méditerranée de prédateurs pouvant les combattre et contenir leur développement.

Voici, ci-après quelques exemples inquiétants.

Ainsi, La Lophocladia Lallemandii, une algue rouge venue de l’océan Indien, a été localisée pour la première fois dans l’archipel de Port-Cros, au large du Lavandou. Sa présence galopante inquiète.Son développement en tapis peut devenir si dense que des dégâts importants sont à craindre, notamment au sein des colonies de posidonies. De plus, cette algue rouge, qui possède des substances toxiques, a la spécificité de faire fuir les poissons herbivores et les oursins.

Une espèce toxique très dangereuse de poisson, plus habituée à la Mer Rouge qu’aux côtes catalanes ou languedociennes : le plagiocéphalies sceleratus plus communément appelé ‘‘poisson ballon à bande argentée’’ a été repéré à Gruissan par des pêcheurs en 2014.  

En 2016, l’alerte était donné sur l’arrivé par le canal de Suez  du poisson-lapin ou Siganus. Venu des tropiques, ce poisson prolifère dans la Méditerranée, dévore des forêts d’algues et inquiète les scientifiques. La situation est désespérée en Méditerranée « Toute la zone orientale, à l’est de la Tunisie et de la Sicile, est déjà colonisée » constate  Patrice Francour chercheur  à l’Université Nice-Sophia-Antipolis.

Il conviendra d’agir très éviter l’invasion du poisson-lapin en Méditerranée occidentale.

Leucate est concerné de près par l’invasion du crabe bleu dans les étangs et dont la colonisation s’étend rapidement (cf article en annexe).

On trouvera en annexe des articles sur d’autres espèces indésirables qui envahissent la Méditerranée et des espèces qui sont en train de disparaître comme la grande nacre.

En Méditerranée, très peu d’inventaires de bio-diversité sont disponibles.

5 Diminution des ressources en eau douce[1] :

Malgré de nets progrès réalisés ces dernières années, sur une population de 430 millions[2] :

20 millions de Méditerranéens n’ont pas accès à l’eau potable.

47 millions de Méditerranéens n’ont pas accès à l’assainissement.

La Méditerranée regroupe 60 % de la population mondiale dite «pauvre en eau », disposant globalement de moins de 1000 m3/hab/an (cf carte ci-dessus).

Il est remarquable de constater une faible efficience de l’utilisation de l’eau :

les quantités d’eau prélevées et perdues ou inutilisées sont importantes, elles représentent 35 % de la demande totale.

De façon préoccupante, on note qu’une partie croissante des demandes est satisfaite par une production d’eau non durable estimée à 16 km3/an, dont :

  • 66 % issus de prélèvements d’eaux fossiles
  • 34 % de surexploitations de ressources renouvelables.

Selon le Plan Bleu[3], la croissance de la demande en eau des pays méditerranéens entre 2010 et 2025 :est estimée à + 15 %.

Pourtant, les économies pourraient représenter le quart de la demande en eau !

Autre phénomène qui pose problème et qui participe de la diminution des ressources en eau douce est la baisse significative, -due à la sècheresse-, du niveau des nappes phréatiques profondes de la Plaine du Roussillon avec le danger de la pénétration inexorable de l’eau de mer dans ces nappes[4].

Et malheureusement, ce phénomène est accentué par l’augmentation continue de la population dans la Plaine du Roussillon dont la progression avoisine 1% chaque année.

La gravité de cette situation impose une modification des comportements. Selon  l’hydrogéologue Henri Got le fonctionnement de société actuel ne peut plus tenir. Il faut changer, il est temps de s’y mettre !

Pour le maire de Torreilles, Marc Médina : « Toute la population doit prendre conscience que l’eau est devenue un bien précieux. Nous ne pouvons plus nier que nos comportements génèrent des dysfonctionnements graves. »

6 Diminution des ressources alimentaires

(à venir)


[1]– Consommation d’eau et d’énergie sont liées (cf annexe)

[2]– Source principale : le Plan Bleu

[3]– Plan Bleu : En 1976, les pays riverains de la Méditerranée et la communauté européenne adoptent la convention de Barcelone, pour protéger l’environnement maritime et ses espaces côtiers. La nécessité d’appréhender conjointement développement et environnement pour construire un avenir durable à la Méditerranée est déjà pleinement intégrée par les pays signataires.

Le Plan Bleu est l’un des Centres d’activités régionales du Plan d’Action pour la Méditerranée (PAM) du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), mis à disposition par la France depuis 1977. Le programme de travail est validé tous les deux ans par les Parties contractantes à la Convention de Barcelone.

Le Plan Bleu produit des études ainsi que des scénarios pour l’avenir, afin de sensibiliser les acteurs et les décideurs méditerranéens sur les questions d’environnement et de développement durable de la région. Implanté à Marseille, le Plan Bleu est géré par une association de droit français (loi 1901). Les activités sont menées par une équipe d’une dizaine de personnes, appuyées par des experts méditerranéens et validées par les points focaux des pays. Le financement est assuré par les pays méditerranéens et l’Union européenne, ainsi que par une dotation du Ministère français de l’environnement et des contributions aux travaux et projets communs, fournies par diverses institutions et partenaires. (Source : site internet du Plan Bleu).  

[4]– cf en annexe article de France Bleu Roussillon de Vendredi 26 juillet 2019.


ANNEXES

Annexe au § 4 Perte et modification de la biodiversité

Représentation schématique des impacts du changement climatique sur la biodiversité[1]

Source : publication de l’Institut de la Méditerranée et FEMISE[2] (Forum euro-méditerranéen des instituts économiques) : Les défis du changement climatique en Méditerranée édition 2018.

Le crabe bleu : une espèce envahissante en Méditerranée ( Source Le Chasseur Français)

Arrivé il y a quelques années sur les côtes du Golf du Lion  ( certainement dans les eaux de ballast des bateaux), sa colonisation s’étend rapidement, et là où le crabe bleu passe, les autres espèces trépassent.

Les pêcheurs lancent un cri d’alarme : «  C’est la galère, on ne sait plus quoi faire…On travaille pour rien… Ces crabes cassent tous nos filets !… C’est devenu impossible de pêcher des anguilles ». Les témoignages se succèdent, et les seaux de crabes s’accumulent à chaque sortie de pêche. Déjà en 2019, le crabe bleu faisait l’objet d’un signalement du centre de ressources des espèces exotiques envahissantes.

Le problème avec ce crabe américain est qu’il dévore tout sur son passage, qu’il s’est acclimaté à nos latitudes et qu’il s’y reproduit aisément ( une femelle peut pondre plus de 2 millions d’œufs lors de la période de reproduction en été.). Omnivore, il s’attaque à de nombreuses espèces : petits poissons, mollusques, amphibiens, insectes, et peut même être cannibale quand il a très faim. A l’aise dans des températures variants de 3° à 35°, son agressivité s’affirme au-delà de 15°. 

Crabes bleus

En quelques mois il a colonisé l’étang de Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales) et chaque jour, les pêcheurs récupèrent cet envahisseur, à défaut de leur pêche traditionnelle. Le problème pourrait être pire si ce crabe colonie l’étang du Barcarès ou celui de Thau, car le crabe bleu y fera des ravages, il adore les moules et les huitres.

La Corse aussi est touché et plusieurs étangs sont déjà envahis.

La solution pourrait se faire en mettant en place une véritable filière pour consommer ce crabe, très apprécié dans son pays d’origine, mais pour l’instant peu connu des tables françaises. On le dit pourtant excellent, et il est très recherché pour ses qualités gustatifs, on dit que sa chair est proche de celle de la langouste. D’ailleurs, la Turquie, qui est aussi confrontée à ce problème a mis en place une véritable filière de valorisation de ce crabe, et plutôt que de subir cette invasion, le pays en a fait une manne économique.

Une algue rouge fait trembler la Méditerranée

La Lophocladia Lallemandii, une algue rouge venue de l’océan Indien, a été localisée pour la première fois dans l’archipel de Port-Cros, au large du Lavandou. Sa présence galopante inquiète.

L’algue rouge en Méditerranée

La Lophocladia Lallemandii a été repérée pour la première fois au large du Lavandou. DR

Par Diane Andrésy, notre correspondante à Toulon (Var) Source Le Parisien

Le 25 janvier 2022

Elle a un nom barbare et fait peur à tout le monde. C’est autour d’un îlot de l’archipel de Port-Cros, au large du Lavandou (Var), que l’algue a été découverte par hasard par des plongeurs. Alors qu’ils observaient les populations de grande nacre, ils sont tombés nez à nez sur plusieurs tapis rouges de cette algue filamenteuse. « C’est une espèce invasive, inconnue jusqu’ici, qui risque de perturber le fonctionnement des écosystèmes locaux, indique le parc naturel de Port-Cros, inquiet. Son développement en tapis peut devenir si dense que des dégâts importants sont à craindre, notamment au sein des colonies de posidonies. »

Elle fait fuir les poissons

Comment cette algue exotique a-t-elle pu se retrouver en Méditerranée depuis l’océan Indien et la mer Rouge ? « Je pense à une hypothèse : une fuite de cette Lophocladia Lallemandii après l’élargissement du canal de Suez, qui lui aurait permis d’arriver jusqu’en Méditerranée, indique Charles-François Boudouresque, professeur émérite à l’Institut méditerranéen d’océanologie. La Méditerranée est la mer qui héberge le plus grand nombre d’espèces introduites. »

L’ennui, c’est que l’algue rouge a la spécificité de faire fuir les poissons. « Elle possède des substances toxiques qui font que les poissons herbivores ou les oursins se détournent d’elle et ne la consomment pas. Du coup, l’algue s’étend car les herbivores lui font de la place pour proliférer. » Repérée au sud de l’Italie et de la Tunisie, elle se développe maintenant près des côtes françaises. Un mauvais signe pour l’équilibre marin.

Fin de l’article de France Bleu

Le poisson-lapin, les dents de la mer Méditerranée

Anne Tézenas Du Montcel

MAJ : 25 août 2016, 15h16 

Poisson lapin

Turquie, Israël, Liban, le Siganus a déjà colonisé l’est du bassin méditerranéen 

Venue des tropiques, une espèce de poisson prolifère dans la Méditerranée, dévore des forêts d’algues et inquiète les scientifiques.

Les fonds de la Méditerranée transformés en déserts… Voilà ce qui risque d’advenir dans les cinq ans qui viennent si rien n’est fait pour empêcher l’arrivée d’une nouvelle espèce de poisson herbivore : le poisson-lapin ou Siganus. C’est le cri d’alarme lancé, le 9 juillet dernier, lors du cinquantième anniversaire de l’Institut océanographique Paul Ricard, par Patrice Francour, directeur du laboratoire Ecomers à l’Université Nice-Sophia-Antipolis.

Devenu une menace pour l’écosystème marin local, le poisson-lapin détruit les forêts de Cystoseira, des algues de 30 à 40 centimètres de hauteur, très caractéristiques de la Méditerranée, qui fournissent nourriture et abri à des centaines d’espèces.

Un poisson arrivé par le canal de Suez

Espèce tropicale des océans Indien et Pacifique, le poisson-lapin est arrivé par le canal de Suez (reliant les villes égyptiennes de Port-Saïd, sur la Méditerranée, et de Suez, sur la mer Rouge). Le réchauffement climatique favorise aussi sa prolifération. « Aujourd’hui, les températures des mers restent chaudes de manière plus stable. Elles attirent de nouveaux venus, comme en Méditerranée, où il n’y avait naturellement qu’une seule espèce de poisson herbivore, la saupe », explique Patrice Francour. « Toute la zone orientale, à l’est de la Tunisie et de la Sicile, est déjà colonisée », alerte le chercheur. Et la surpêche qui fait disparaître ses prédateurs, les espèces capables de réguler son développement, comme le mérou, n’arrange rien. Résultat : au Liban, sept poissons pêchés sur dix sont des poissons-lapins. Dans cette partie de la Méditerranée, le combat est perdu. « On ne peut plus rien faire, déplore Patrice Francour. Sinon apprendre à le cuisiner… »

Mais le poisson-lapin a aussi été repéré récemment plus à l’ouest, en Croatie, et sur les côtes du sud de la France. En Méditerranée occidentale, le désastre écologique peut encore être évité. Patrice Francour et l’une de ses étudiantes, Laura Gagné, ont mis au point un outil préventif de repérage des poissons invasifs. « Notre idée est de le partager avec tous les acteurs concernés et de diffuser l’information sur ces espèces pour que des pêcheurs les reconnaissent et les ­éliminent prioritairement. »

« Il faut agir le plus vite possible »

Enseignant et chercheur à l’Université Nice-Sophia-Antipolis, Patrice Francour explique comment prévenir la prolifération d’espèces invasives, comme les poissons-lapins.

Qu’est-ce qu’une espèce dite « invasive » ?

C’est une espèce non indigène (qui vit hors de son milieu naturel, NDLR), qui s’installe, prolifère et commence à menacer les autres. En Méditerranée, une centaine d’espèces de végétaux et d’animaux (invertébrés et vertébrés) sont invasives. D’autres exemples sont connus, comme le poisson-lion arrivé de Floride, depuis 2010, aux Antilles françaises (et depuis une dizaine d’années dans les Caraïbes). En ce qui concerne le poisson-lapin, une expérience a été faite par des collègues espagnols en Turquie ; en protégeant, à l’aide de cages, les forêts d’algues, ils ont empêché les poissons-lapins de s’en nourrir. Ces forêts se sont alors naturellement développées, apportant la preuve que ceux-ci sont bien à l’origine de leur destruction.

Peut-on repérer une espèce invasive avant qu’elle ne prolifère ?

A partir de la base de données mondiale FishBase*, qui répertorie les espèces de poissons du monde entier, nous avons identifié, avec l’Union internationale pour la conservation de la nature, seize critères qui les définissent : parmi eux, la toxicité, la reproduction rapide, la capacité à s’installer dans tous les types de milieux. Autre facteur à prendre en compte : s’ils sont herbivores ou toxiques. Puis nous avons créé un outil qui permet d’identifier les espèces qui ont le plus fort potentiel pour devenir invasives. Cela permet de savoir lesquelles traiter en priorité.

Peut-on encore éviter l’invasion du poisson-lapin en Méditerranée occidentale ?

Oui, mais il faut agir le plus vite possible. Faire circuler l’information sur ces poissons pour qu’on les détecte au plus tôt, qu’on les reconnaisse. Et surtout mobiliser au plan local les autorités et les pêcheurs et leur expliquer les risques qu’ils représentent pour des activités comme le tourisme, la pêche ou la plongée sous-marine.

* www.fishbase.org                

Mer méditerranée : « La disparition du grand requin blanc pourrait déséquilibrer la chaîne alimentaire »

LINFO.RE – le 12.11.201

Les requins blancs seraient en voie de disparition constatent un biologiste italien. Leur présence en Méditerranée est pourtant essentielle à l’équilibre de la chaîne alimentaire.

Le grand requin blanc est une espèce de requin de la famille des lamnidés. Avec une taille de plus de 6 mètres, il est l’un des plus grands poissons prédateurs vivant dans les océans. Bien qu’ils soient considérés comme dangereux pour l’homme, leur présence est sollicitée, souligne le biologiste Primo Micarelli, fondateur du centre des requins au sein de l’aquarium Mondo Marino en Toscane. 20 Minutes s’est intéressé sur la disparition de ces requins en mer Méditerranée en interviewant le spécialiste italien à l’occasion de la conférence sur les requins en Méditerranée qui se tient actuellement à la Maison des Océans à Paris.

D’emblée, le biologiste s’inquiète de la diminution de ces espèces dans la mer Méditerranée, « leur présence chute« , confie-t-il avant d’ajouter « on parle même d’une possible extinction« . « Bien que les organismes manquent de données, le biologiste peut avancer qu’il n’y aurait plus que de 20 à 30 requins blancs en Méditerranée. Dans les années 70, il y avait une à deux attaques de requins blancs par an. La dernière remonte à 1988 en Toscane. S’il n’y a plus d’attaque, une des hypothèses, c’est qu’il y a de moins en moins de requins blancs« , renchérit-il.

Selon lui, les causes de la disparition des requins blancs sont multiples. « D’une part, la pêche des requins blancs qui était autorisée jusqu’en l’an 2 000. Une mâchoire de cet animal pouvait être vendue pour 20 000 euros. D’autre part, les requins blancs voient leurs proies diminuer comme les phoques moines, le thon ou l’espadon. Enfin dernière explication : la pollution de la Méditerranée qui affecte les proies, donc par ricochet les requins blancs en affaiblissant leur système immunitaire« .

Le biologiste d’alerter que « la disparition des requins blancs pourrait déséquilibrer la chaîne alimentaire« . « Il est au sommet de la chaîne alimentaire et permet donc de la contrôler« , s’explique-t-il. Enfin, à la question si les grands blancs sont dangereux pour l’homme, Primo Micarelli de répondre « au regard de mon expérience, je constate que le grand requin blanc attaque s’il se sent provoqué. Nous ne faisons pas partie de leur alimentation. On a plus de chance de gagner au casino que de le rencontrer même si on passe une semaine dans la Méditerranée« 

Si vous comptiez partir en vacances du côté de la Méditerranée, prenez garde au poisson-lion!

PHOTO POISSON LION

Crédit photo: Alexander Vasenin – Wiki Commons

Ce poisson plutôt photogénique et à l’air assez inoffensif possède en fait une arme fatale; un puissant venin… Originaire du sud de l’Océan Pacifique le poisson-lion, aussi appelé pterois miles, est une espèce exotique envahissante des régions de l’Atlantique Ouest, de la mer des Caraïbes et du Golfe du Mexique. En plus d’être invasive, elle constitue une véritable menace pour les animaux, mais aussi pour les baigneurs et plongeurs; une seule piqûre d’une de ses épines pourrait vous envoyer aux urgences et même vous coûter la vie.

Repéré à Chypre et en Turquie par des observateurs de l’Union internationale pour la protection de la nature (UICN), le spécimen envahit graduellement toutes les côtes. Introduite par l’homme en Atlantique Ouest, les courants ont ensuite facilité sa propagation. Ne connaissant aucun prédateur – même les requins refusent de s’y attaquer – sa prolifération connaît trop peu d’obstacles naturels. « Cette espèce peut entraîner un impact négatif considérable, aussi bien sur les écosystèmes que sur les économies locales », indiquait également Carlos Jiménez, du Cyprus Institute, dans le communiqué de l’IUCN.

En attendant de trouver une meilleure solution, les populations côtières misent sur la pêche et la consommation pour tenter de ralentir le progrès de l’espèce.

Vanessa Hauguel 27 juillet 2016

Source : http://www.sympatico.ca/

Disparition de la Grande nacre : la Méditerranée en danger ? Source Office de la mer – Mars 2022

Grande nacre

La Grande Nacre est-elle en train de s’éteindre ?

C’est le constat que tire Nardo Vicente, membre de l’Office de la mer et biologiste marin reconnu depuis de nombreuses années. De retour de mission scientifique en Corse, il dresse une inquiétant constat.

“Aujourd’hui les fonds sont jonchés de nacres mortes“. Malheureusement ce bilan ne se limite pas qu’à l’île de beauté. Il semblerait que l’ensemble de la Méditerranée soit touché. Le mollusque serait-il en train de s’éteindre ? Quel est donc la raison de la diminution des populations de grandes nacres ?

Une espèce convoitée

La Grande Nacre, Pinna Nobilis L., est un des plus grands mollusques bivalves du monde : sa taille avoisine les 30 à 50 centimètres (parfois jusqu’à 1 mètre). Vous pouvez la repérer facilement près des herbiers de posidonies auxquels elle est inféodée.

Déjà exploitée commercialement de la Sardaigne jusqu’à nos côtes françaises, la Grande Nacre était utilisée pour la fabrication de boutons mais aussi de façon culinaire. Sa beauté cache malheureusement une espèce relativement fragile : son existence reste menacée par plusieurs facteurs. Au point que l’espèce fut placée parmi la liste des invertébrés protégés par une interdiction de pêche selon l’arrêté du 26 novembre 1992.

Plusieurs hypothèses sont évoquées pour expliquer le phénomène

Sa raréfaction était jusqu’à présent due à plusieurs facteurs. Voici quelques-uns :

Prélèvement par les plongeurs

Vous avez peut-être eu la chance de l’apercevoir en plongée. Néanmoins de nombreux plongeurs prélevaient la grande nacre comme “trophée” sans se soucier des modifications de son habitat ou de sa survie. C’est désormais de moins en moins le cas.

Utilisation commerciale

Les coquilles étaient peintes et servaient parfois de décoration murale. L’arrêté de novembre 1992 permit de mettre fin à ces pratiques.

Chalutage et destruction des herbiers de posidonie

Jusqu’à présent, ces pratiques représentaient (cela reste toujours un facteur important) les raisons principales de la disparition de l’espèce. En effet beaucoup plus que le chalutage, les ancres des bateaux mouillant dans son habitat principal, l’herbier de posidonies, ont un impact destructeur notamment par petits fonds où a lieu le recrutement des jeunes entre 4 et 8 mètres. Mais l’aménagement des plages (artificielles ou non) ou encore l’endigage précipite le phénomène de disparition de cet habitat.

Le changement climatique global

C’est désormais l’hypothèse principale et malheureusement très actuelle. Comme tous les bivalves, la Grande Nacre est un parfait indicateur de la qualité de l’eau. Mais les populations sont en train d’être décimées par un parasite : Hasploporidium. Déjà identifié en Espagne, celui-ci n’a de cesse de s’étendre sur la Méditerranée entraînant avec lui l’extinction des Grandes Nacres. Le parasite semble maintenant avoir atteint notre région.

Nardo Vicente est catégorique sur le sujet : l’activité d’Hasploporidium est exacerbée par le réchauffement des eaux, beaucoup trop chaudes depuis plusieurs mois. Sa vision n’est pas des plus optimistes mais reflète une réalité à prendre désormais en compte : “le phénomène ira en s’accélérant dans les années à venir, si rien n’est fait pour ralentir le réchauffement de la planète“.


[1] – ©ENERGIES 2050, traduit et tiré de PNUE/PAM-RAC/SPA (2010).

[2]– Le FEMISE (Forum euro-méditerranéen des instituts économiques) est un réseau historique d’instituts de recherche du Nord et du Sud de la Méditerranée, regroupant plus de 100 membres instituts de recherche en économie. FEMISE est coordonné par l’Institut de la Méditerranée (Marseille) et l’Economic Research Forum (Caire). FEMISE, constitué depuis 2005 en association loi 1901 et financé en grande partie par la Commission Européenne (DGNEAR), est un véritable Think-Tank sur les questions EuroMed, promeut le dialogue et la recherche sur les questions socio-économiques et offre des recommandations politiques pour les pays partenaires méditerranéens.

Annexe au § 5 diminution des ressources en eau douce

Consommation d’eau et d’énergie sont liées :

Les besoins en eau induisent d’importants investissements de dessalement de l’eau de mer forts consommateurs d’énergie.

1m3 d’eau de mer consomme 4 kWh pour sa potabilisation.

1m3 d‘eau souterraine consomme 0,4 kWh pour sa potabilisation.

Outre une consommation d’énergie 10 fois plus importante, le dessalement de l’eau de mer induit des impacts environnementaux importants dus aux rejets des saumures dans le milieu naturel.

Cependant, on constate depuis plusieurs années une développement, sur les rives Sud et Est de la Méditerranée, de la création d’unités de dessalement de l’eau de mer[1].

A l’horizon 2030, le dessalement de 30 millions de m3/j nécessitera 40 à 45 TWh soit environ 20 % de la demande totale d’électricité destinée au secteur de l’eau à cet horizon. Ce qui nécessitera l’installation d’une puissance électrique minimale de 5000 MWe dédiée au dessalement, équivalent à une dizaine de centrales à cycle combiné gaz, ou 4 à 5 tranches nucléaires[2].

Selon le Plan Bleu[3], la croissance de la demande en eau des pays méditerranéens entre 2010 et 2025 :est estimée à + 15 %.

et la part de la demande en électricité pour la gestion de l’eau dans les PSEM[4] en 2025 est estimée à : + 20 %.

Trop basses, les nappes phréatiques du Roussillon polluées par l’eau de mer

Par François DavidFrance Bleu Roussillon, Vendredi 26 juillet 2019.

Torreilles

PHOTO Eau Roussillon salée 2019 07

Le scénario tant redouté est en train de se produire dans le secteur de la Salanque, sur le littoral des Pyrénées-Orientales : les nappes phréatiques sont tellement basses que l’eau de mer commence à s’y infiltrer. L’eau potable est en danger.

C’est un danger invisible qui avance sous terre depuis vingt ans. Inexorablement, l’eau de mer s’infiltre dans les nappes phréatiques profondes (Pliocène) de la Plaine du Roussillon. Avec la sécheresse récurrente, la situation devient critique dans le secteur de la Salanque, le long du littoral très touristique entre le Barcarès et Sainte-Marie-la-mer. 

Sur deux forages (à Torreilles et Sainte-Marie), le taux de salinité a été mesuré entre 500 et 2.000 milligrammes par litre, largement au-dessus du seuil de potabilité (250 mg/L). Désormais, cette eau doit être mélangée à d’autres avant d’être distribuée au robinet. 

« Le danger, c’est quand le niveau de la nappe passe en dessous du niveau de la mer, explique l’hydrogéologue Henri Got, ancien président de l’Université de Perpignan. En 1995, cela ne se produisait quasiment jamais. En 2000, ce phénomène était déjà observé 20 jours dans l’année. Et en 2010, quarante jours. Il faudrait réduire drastiquement les pompages dans cette nappe, et la réserver exclusivement à l’eau potable. »

Un phénomène irréversible

Car lorsqu’une nappe phréatique est infiltrée par l’eau de mer, le phénomène est irréversible. Cette pollution s’est déjà produite une fois dans l’histoire de la Salanque : dans les années 40, un agriculteur avait voulu exploiter des rizières. Il a pompé tellement d’eau que la mer s’est infiltrée dans une nappe profonde de 20 mètres. Soixante-dix ans plus tard, l’eau y est toujours saumâtre et impropre à la consommation. 

A Torreilles, le maire Marc Médina sait que sa commune vit depuis plusieurs années avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. « Toute la population doit prendre conscience que l’eau est devenue un bien précieux. Nous ne pouvons plus nier que nos comportements génèrent des dysfonctionnements graves. » 

Depuis un an, les douches de plages ont été démontées à Torreilles, les pelouses et les plantes nécessitant un arrosage ont été supprimées, des mousseurs ont été distribués aux habitants pour réduire le débit des robinets. La commune multiplie les conférences, les réunions publiques et les programme d’éducation dans les écoles. 

Une pression démographique qui pose question

Le problème, c’est que dans le même temps, la population ne cesse d’augmenter dans la Plaine du Roussillon, la progression avoisine 1% chaque année. « Ce n’est plus tenable, avertit l’hydrogéologue Henri Got. Mais que faire ? On ne va pas construire un mur « à la Trump » pour empêcher les gens de venir s’installer… Il faudrait aussi revoir notre modèle de tourisme, ne plus entasser les vacanciers sur le littoral dans des campings. »   

Depuis plusieurs années, des scénarios sont à l’étude pour acheminer de l’eau vers la Salanque depuis d’autres secteurs, notamment les Corbières dont le sous-sol karstique regorge d’eau potable. « Des solutions existent, mais elles seront onéreuses », prévient Henri Got. A l’avenir, les factures d’eau risquent d’être douloureuses. 

Changer les comportements

Pour le maire de Torreilles Marc Médina, il serait également judicieux de stocker l’eau dans des retenues collinaires pendant l’automne et l’hiver, lorsque les pluies sont abondantes. 

Quoiqu’il en soit, les habitants du Roussillon devront « changer radicalement leurs comportement dans le futur, conclut Henri Got. Nous avons vécu jusqu’à présent avec un fonctionnement de société qui ne peut plus tenir. Mais la prise de conscience est très lente. Pour beaucoup d’habitants, il y a encore une part de déni. Il est temps de s’y mettre ! »


[1]– cf annexe.

[2]– Source : Le dessalement de l’eau de mer : une réponse aux besoins d’eau douce en Méditerranée ? Les Notes du Plan Bleu, n°16 juillet 2010.

[3]– Plan Bleu : En 1976, les pays riverains de la Méditerranée et la communauté européenne adoptent la convention de Barcelone, pour protéger l’environnement maritime et ses espaces côtiers. La nécessité d’appréhender conjointement développement et environnement pour construire un avenir durable à la Méditerranée est déjà pleinement intégrée par les pays signataires.

Le Plan Bleu est l’un des Centres d’activités régionales du Plan d’Action pour la Méditerranée (PAM) du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), mis à disposition par la France depuis 1977. Le programme de travail est validé tous les deux ans par les Parties contractantes à la Convention de Barcelone.

Le Plan Bleu produit des études ainsi que des scénarios pour l’avenir, afin de sensibiliser les acteurs et les décideurs méditerranéens sur les questions d’environnement et de développement durable de la région. Implanté à Marseille, le Plan Bleu est géré par une association de droit français (loi 1901). Les activités sont menées par une équipe d’une dizaine de personnes, appuyées par des experts méditerranéens et validées par les points focaux des pays. Le financement est assuré par les pays méditerranéens et l’Union européenne, ainsi que par une dotation du Ministère français de l’environnement et des contributions aux travaux et projets communs, fournies par diverses institutions et partenaires. (Source : site internet du Plan Bleu).  

[4]– PSEM : Pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée.