Introduction : petite synthèse et annonce du plan
Le milieu attire, fixe, modifie l’homme, et cette action s’exerce à un degré ou à une époque inconnus… Mais l’homme agit, en retour sur le milieu. Il l’aménage, l’équipe, le cultive, l’explore. Il construit des villes, creuse des ports, altère les conditions naturelles avec des conséquences parfois imprévues. Paul VALERY, Cours sur la Méditerranée, 1933.
La Méditerranée est un milieu vivant qui souffre des agressions liées aux activités humaines.
Le bassin Méditerranéen, un point chaud du changement climatique.
Le graphique ci-dessous, établi par le Medecc[1], fait la synthèse des enjeux.

Leucate est concerné par ces différents sujets, qu’il s’agisse dans l’immédiat de l’invasion des étangs par le crabe bleu, de l’augmentation de la sècheresse et des risques d’incendie, ou à moyen terme de l’élévation du niveau de la mer.
Au milieu de ces nouvelles préoccupantes que constituent la montée du niveau de la mer, la pollution, la perte et la modification de la biodiversité, la diminution des ressources en eau douce, la diminution des ressources alimentaires, et les risques naturels bien réels que sont les incendies et les inondations, de façon positive, les énergies renouvelables sont une opportunité pour les pays méditerranéens
Comme l’écrivait Fernand Braudel[2], qui concevait la Méditerranée comme un espace historique avec une temporalité propre, la Méditerranée a toujours constituée une région particulière reliant des pays de la rive Nord et des pays de la rive Sud aux cultures différentes.
Ainsi des institutions ont-elles été crées pour favoriser les relations et coopérations entre les pays de la rive Nord et les pays de la rive Sud. C’est le cas par exemple de L’Union pour la Méditerranée et du Forum euro-méditerranéen des instituts économiques[3].
Montée du niveau de la mer [4]:
L’élévation du niveau des mers s’accélère depuis 2013, passant de +2,1mm/an entre 1993 et 2002 en moyenne à +4,4mm/an en moyenne de 2013 à 2021.
Les projections du GIEC[5] pour la Méditerranée dans son rapport 2021 publié en 2022 prévoient une élévation du niveau de la mer équivalente aux valeurs mondiales : 1,1 m d’ici la fin du 21ème siècle (avec une incertitude de 10 à 20 cm)[6].
Ci-dessous la carte de Leucate dans l’hypothèse d’une élévation du niveau de la mer de 1m.

A terme, à Port Leucate, à Leucate Plage, et à la Franqui, des déménagements devront être envisagés comme c’est le cas actuellement pour St Pierre et Miquelon cf Annexe.
La pollution sur Terre et en Mer

En mer

– Une part significative de la pollution de la Méditerranée est induite par des déchets terrestres qui y arrivent, notamment via les fleuves qui s’y déversent.
Ainsi que le constate l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, 80 % des déchets en mer viennent des fleuves, principalement sous forme de micro-plastiques[7].
De plus, en Méditerranée, on prévoit que la concentration de plastique augmentera de 8% d’ici 2030, alors que les concentrations de micro-plastiques y sont déjà très élevées[8].
Et, toujours selon l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, dans nos océans et mers, les prévisions actuelles estiment que la masse de plastique deviendra équivalente à la quantité de poissons d’ici 2050.
« Aujourd’hui, on estime à 300 millions de tonnes la quantité de plastique présente dans les océans », estime Patrick Deixonne[9], navigateur-explorateur.
Aucun océan n’est préservé par la présence massive de plastiques qui véhiculent des perturbateurs endocriniens, métaux lourds et autres polluants et sont autant de pièges pour la biodiversité avec un impact probable sur la santé humaine.

Outre le fait d’éviter de rejeter des déchets dans les fleuves et dans les canalisations d’eaux usées, une façon de réduire la pollution, est de développer le recyclage et l’économie circulaire.
Sur terre
Ou plutôt sous terre c’est un autre danger, invisible, qui avance depuis vingt ans. Inexorablement, l’eau de mer s’infiltre dans les nappes phréatiques profondes (Pliocène) de la Plaine du Roussillon. Avec la sécheresse récurrente, la situation devient critique dans le secteur de la Salanque, le long du littoral très touristique entre le Barcarès et Sainte-Marie-la-mer (cf § 5 diminution des ressources en eau douce).
Références
[1] – Le MedECC (experts du changement climatique et environnemental en région méditerranéenne) est un réseau indépendant de scientifiques fondé en 2015. Il évalue les meilleures connaissances scientifiques disponibles sur le changement climatique et environnemental et les risques associés dans le bassin méditerranéen.
[2]– ouvrage en 2 tomes : La Méditerranée
- L’Espace et l’Histoire, Paris, Arts et métiers graphiques, 1977 ; rééd. en poche, Champs, Flammarion, 1985.
- Les Hommes et l’Héritage, Paris, Arts et métiers graphiques, 1978 ; rééd. en poche, Champs, Flammarion, 1986.
[3]– Cf Annexe.
[4] – en relation avec ce § 2, voir au § 7 la partie consacrée aux inondations.
[5]– GIEC : Groupe d’experts intergouvernemental Cf Annexe sur la montée du niveau de la mer.
[6]– Extrait du rapport 2021 du GIEC : « Sea level in the Mediterranean has been rising by only 1.4 mm yr-1 during the 20th century, more recently by 2.4±0.5mm yr−1 from 1993 to 2012, and it is bound to continue rising in the future. Future rates are projected to be similar to the global mean (within an uncertainty of 10-20 cm), potentially reaching 1.1 m or more around 2100 in the event of 3°C of global warming (Figure FAQ-CCP4.2; SMCCP4.4) ».
[7]– L’expédition de la fondation Tara Océan « Micro-plastiques 2019 » réalisée sur neuf grands fleuves européens, dont le Rhône, a permis de montrer que 100% des fleuves sont pollués par les plastiques, que la majorité des plastiques retrouvés est déjà sous forme de micro-plastiques impossibles à collecter et que les micro-plastiques sont de véritables « éponges à polluants » avec un effet délétère sur la faune des grands fleuves et des océans. Source : site internet de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse.
[8]– Source : site internet de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, Etablissement Public de l’État.
[9]– Le navigateur-explorateur Patrick Deixonne a mené son équipage de scientifiques du 28 mai 2015 au 8 juin 2015 dans le gyre de l’Atlantique Nord. Là, dans la mer des Sargasses, se concentrent aujourd’hui des milliards de débris de plastiques, transportés sur de longues distances par trois grands courants océaniques ; Source : site internet de Sciences et Avenir.
ANNEXES
Annexe au § 1 des institutions pour la Méditerranée

l’Union pour la Méditerranée (UPM)[1] est une organisation intergouvernementale rassemblant quarante-deux pays d’Europe et du bassin méditerranéen[2] : les vingt-sept États membres de l’Union européenne et quinze pays méditerranéens partenaires d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et d’Europe du Sud-Est. Situé à Barcelone, le Secrétariat général de l’Union pour la Méditerranée est la plateforme permettant de concrétiser les décisions prises par les États membres, par le biais de la préparation de réunions ministérielles, de la mise en œuvre de plateformes de dialogue régional et du développement de projets stratégiques régionaux
L’UPM est fondée le 13 juillet 2008, lors du Sommet de Paris pour la Méditerranée. L’organisation est destinée à renforcer le Partenariat euro-méditerranéen (Euromed) mis en place en 1995 sous le nom de Processus de Barcelone[3].
Le 27 avril 2017, réunis à Malte, les ministres de l’UPM se sont accordés sur un agenda renforcé de coopération sur l’eau en Méditerranée.

Le Forum euro-méditerranéen des instituts économiques (FEMISE)[4], véritable Think-Tank sur les questions EuroMed, est un réseau euro-méditerranéen établi en juin 2005 en tant qu’association française à but non lucratif (loi du 1er juillet 1901). Le réseau FEMISE regroupe plus de 100 membres instituts de recherche en économie du Nord et Sud de la Méditerranée et représentant les 37 partenaires du Processus de Barcelone et les pays du Politique de voisinage (ENP).
Le FEMISE est coordonné par le Economic Reserach Forum (ERF) en Egypte.
L’objectif du FEMISE est de renforcer le dialogue entre les parties prenantes et de mener des recherches sur les questions prioritaires euro-méditerranéennes.
Ses principaux objectifs sont :
- de conduire des recherches socio-économiques et émettre des recommandations sur les relations de l’Europe et ses partenaires méditerranéens ;
- de communiquer et disséminer ces recherches auprès d’institutions publiques ou privées, nationales ou multilatérales et ;
- de fournir une plate-forme qui favorise le dialogue entre les différents partenaires sur les questions qui importent dans la région.
Le FEMISE réalise un grand nombre d’activités qui incluent, mais ne sont pas limités à :
– des recherches sur les questions liées au partenariat Euromed, la politique de voisinage et l’Union pour la Méditerranée;
– la fourniture de plate-formes qui favorisent le dialogue entre les différents partenaires sur les questions qui importent dans la région EuroMed.
– la diffusion des résultats de cette recherche à travers des conférences, des ateliers, la publication de documents de recherche et des bulletins d’information.
[1]– Sources principales : site internet de l’UPM et Wikipédia
[2]– Soit une population de 800 M d’habitants.
[3]– La déclaration de Barcelone, faite à l’issue du sommet constitutif, énonce les principaux objectifs de ce partenariat : construire ensemble un espace de paix, de sécuritéet de prospérité partagée. Pour y parvenir, elle prévoit des actions dans les domaines politique, économique, financier, culturel et socialéchanges mutuels. Sur le plan économique, le processus vise à l’instauration d. Euromed est fondé sur les rapports de paix entre ces États qui ont des intérêts communs ainsi qu’un long passé d’‘un marché de libre-échange en 2010. Cet objectif a été réaffirmé lors du sommet de Barcelone de 2005. En 2005, l’immigration et la lutte contre le terrorisme sont devenus les domaines prioritaires du partenariat.
[4]– Source : site internet du FEMISE.
Annexe au § 2 Montée du niveau de la mer
Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat(GIEC) — en anglais IPCC pour Intergouvernemental Panel on Climate Change — est un organisme intergouvernemental, ouvert à tous les pays membres de l’ONU.
Ce groupe, créé en 1988 à la suite d’une initiative politique de nature internationale, dépend de l’Organisation météorologique mondiale et du Programme des Nations unies pour l’environnement, « a pour mission d’évaluer, sans parti pris et de façon méthodique, claire et objective, les informations d’ordre scientifique, technique et socio-économique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les risques liés au réchauffement climatique d’origine humaine, cerner plus précisément les conséquences possibles de ce changement et envisager d’éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation. Il n’a pas pour mandat d’entreprendre des travaux de recherche ni de suivre l’évolution des variables climatologiques ou d’autres paramètres pertinents. ».
Bien que contestées, notamment pour des raisons essentiellement politiques, « les évaluations de ce groupe sont principalement fondées sur les publications scientifiques et techniques dont la valeur scientifique est largement reconnue. »
Création
Le GIEC a été créé en novembre 1988, à la demande du G7[1], par deux organismes de l’ONU : l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE)[2].
La décision du G7 avait été prise sous la pression de Ronald Reagan et Margaret Thatcher, afin d’empêcher une agence de l’ONU, soupçonnée de militantisme écologique, de mettre la main sur l’expertise climatique.
Objectifs
Evolution globale des températures depuis 1880
Le GIEC a pour mandat d’évaluer, sans parti pris et de manière méthodique, claire et objective, les informations scientifiques, techniques et socio-économiques disponibles en rapport avec la question du changement du climat. Le GIEC travaille à rendre compte des différents points de vue et des incertitudes, tout en dégageant clairement les éléments qui relèvent d’un consensus de la communauté scientifique. Il a donc pour mission d’« établir régulièrement une expertise collective scientifique sur le changement climatique. »
Le GIEC n’est donc pas un organisme de recherche, mais un lieu d’expertise visant à synthétiser des travaux menés dans les laboratoires du monde entier, en fonction d’un problème précis, pour lequel les États, membres de l’ONU, l’ont mandaté.
Selon Valérie Masson-Delmotte, chercheuse française en paléoclimatologie au Commissariat à l’Énergie atomique et aux Énergies alternatives (CEA) et co-présidente du groupe de travail no 1 : « Le Giec ne fait pas ses propres projections, il évalue celles publiées par la communauté scientifique. »
Deux communautés travaillent donc en parallèle au sein du groupe, d’une part, les climatologues qui tentent de simuler l’évolution du climat et, d’autre part, les socio-économistes qui tentent de simuler l’évolution des activités humaines
Organisation
Le secrétariat du GIEC se situe au sein du bâtiment de l’organisation météorologique mondiale à Genève, en Suisse, lieu ou se déroula la première session de séance plénière du GIEC
Séances plénières
Selon le site officiel de l’IPCC/GIEC, le groupe se réunit en sessions de séances plénières avec comme membres les représentants des gouvernements de tous les pays adhérents à l’ONU, chaque membre comptant pour une voix.
En 2018, le GIEC compte 195 membres qui se réunissent généralement une fois par an. Des centaines de fonctionnaires et d’experts de différents ministères, et d’instituts de recherche compétents des pays membres ainsi que des organisations observatrices assistent à ces sessions.
En 2018, le GIEC compte 152 organisations observatrices. Les décisions majeures sont prises par le groupe lors de la session plénière, telle que (à titre d’exemple) : la portée et les grandes lignes des rapports émis par le groupe, ainsi que l’approbation, l’adoption et l’acceptation des rapports.
Le GIEC fait appel à des centaines d’experts éminents, spécialistes des divers domaines traités dans ses rapports, qui consacrent du temps à établir des évaluations en tant qu’auteurs coordonnateurs principaux et auteurs principaux. Des centaines d’autres experts apportent des contributions ponctuelles en qualité d’auteurs collaborateurs et formulent des observations sur les chapitres en qualité d’examinateurs. Ces experts sont sélectionnés par appel à candidatures lancés auprès des gouvernements et des organisations ayant le statut d’observateur auprès du GIEC ; des curriculum vitæ détaillés sont ensuite remis et les auteurs sont sélectionnés en fonction de leurs compétences. Le GIEC s’efforce de réunir des équipes d’auteurs représentatives de la diversité des points de vue et des qualifications scientifiques, techniques et socio-économiques.
Source : Extrait de l’article de Wikipédia

Leucate serait une île, la mer à Alénya et Claira… Ce que le réchauffement climatique à +3°C changerait sur nos côtes.
Article paru dans l’indépendant mardi 12 octobre 2021
Leucate serait une île, la mer à Alénya et Claira… Ce que le réchauffement climatique à +3°C changerait sur nos côtes.
Environnement, Espagne, Catalogne
Publié le 13/10/2021 à 06:00
Alors que la COP26 s’ouvrira le 31 octobre, les associations de défense de l’environnement multiplient les alertes sur les risques d’un réchauffement climatique supérieur à +3°C des températures moyennes d’ici à 2100. Des outils cartographiques permettent de mesurer les conséquences de ce réchauffement.
Après le fiasco des engagements non tenus après la COP21 de Paris, les dirigeants du monde entier sont attendus au tournant de la COP26 organisée du 31 octobre au 12 novembre à Glasgow (Écosse) pour enfin organiser la lutte contre le changement climatique.
Les associations de lutte contre le réchauffement climatique alertent depuis plusieurs semaines sur les enjeux de cette réunion des chefs d’Etat pour qu’ils inversent la trajectoire du réchauffement climatique qui semble désormais se diriger vers +3°C d’ici à 2100 au lieu des 1,5°C à 2°C prévus dans les accords de Paris.
Et pour mieux faire prendre conscience des dangers de ce réchauffement climatique incontrôlé, rien ne vaut des cartes pour que chacun puisse mesurer ce qui attend les êtres vivants sur terre d’ici à 80 ans.
De nombreuses applications mises en ligne par les associations environnementales permettent de placer le curseur sur les conséquences qu’aurait le réchauffement climatique plus ou moins fort. Et là, stupeur, localement, la mer reculerait tellement que de nombreuses communes seraient rayées de la carte. Dans les Pyrénées-Orientales, Argelès ne serait que marécages, Saint-Cyprien une étendue d’eau tout comme Canet, Sainte-Marie et Torreilles alors que quelques îlots subsisteraient au Barcarès.
Dans l’Aude, Leucate redeviendrait une île, Gruissan et Port-La Nouvelle de vagues bancs de sable… Sans parler de Narbonne qui serait largement grignotée. Et il n’en faudrait pas beaucoup pour que la Clape redevienne, elle aussi, une île.
Que faire face à la montée du niveau de la mer ?
L’exemple de Miquelon, village en cours de « déplacement »
Source : site internet du BRGM
Face à la montée du niveau des océans, l’une des stratégies possibles peut consister à déplacer les infrastructures. Dans l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, un tel processus a déjà débuté.
28 février 2022
S’adapter aux risques côtiers
Les outre-mer et les territoires insulaires situés en zone tropicale sont particulièrement sensibles aux conséquences du changement climatique : on pense particulièrement aux atolls des îles Marshall ou aux îles basses des Maldives dont l’existence même se trouve menacée.
Face aux risques côtiers et particulièrement à l’élévation du niveau de la mer, on distingue généralement quatre attitudes : se protéger, adapter les infrastructures et les comportements, accompagner le changement par des solutions fondées sur la nature, et enfin déplacer les infrastructures.
Cette dernière option, souvent difficile à mettre en place techniquement, réclame de l’expertise, des financements et un processus de concertation entre les différentes parties prenantes.
Dans l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, non loin du Canada, un processus de déplacement a déjà débuté, avec une mobilisation forte de la population tout au long des différentes étapes.
À Miquelon, vivre entouré par l’eau à l’heure des dérèglements climatiques
Le village de Miquelon se trouve au niveau de l’eau, sur un cordon de galet, reliant deux îles aux altitudes plus élevées : l’île du Cap et celle de Miquelon.
Dans les années 2000, l’archipel fait face à plusieurs évènements de submersion, de tempêtes et d’érosion de plus en plus fréquents, plus violents, ce qui engendre beaucoup de dégâts. La menace principale reste la disparition de l’isthme sur lequel est situé le village.
En 2014, le président français François Hollande déclare que Miquelon pourrait disparaître avec la montée du niveau de la mer et annonce la mise en place d’un plan de prévention des risques littoraux (PPRL). Dans le même temps, la question du déplacement du village vers un site moins exposé commence à être évoquée malgré la réticence de la population et des élus.
En 2018, deux tempêtes successives occasionnant de gros dégâts provoquent un retournement de l’opinion. Quelques mois plus tard, lors d’une enquête, c’est alors 89% des personnes interrogées qui se disent en faveur du déplacement du village.
Accepter la relocalisation, un premier pas vers l’adaptation
Plusieurs facteurs expliquent ce résultat. Premièrement, la mise en place du PPRL et l’interdiction de construire a alerté la population, générant parfois des tensions. Deuxièmement, les tempêtes de novembre 2018 ont rendu plus tangibles les impacts de l’élévation du niveau de la mer et du changement climatique.
Un dernier facteur a fortement joué sur l’acceptabilité du déplacement : le fort attachement des habitants à leur île les conduit à une attitude proactive. Ayant compris que rester dans le village historique ne serait pas possible à long terme, l’attachement au territoire s’est élargi à l’île de façon plus générale, orientant l’opinion vers le déplacement malgré les difficultés inhérentes à la situation.
Où se déplacer ?
La collectivité territoriale propose un déplacement vers la presqu’île du Cap, mais celle-ci, très petite et isolée, n’a pas la faveur des habitants qui préfèrent l’île de Miquelon, plus grande et connectée à l’île voisine de Langlade.
En janvier 2020, lors de la visite de la ministre des Outre-mer de l’époque, Annick Girardin, les habitants manifestent et délimitent visuellement les parcelles de terrain qu’ils souhaitent investir pour le nouveau village.
Entre 2019 et 2022 plusieurs actions sont menées par le maire, accompagné au fil des mois par les élus de l’archipel, la préfecture, les services de l’État et de la collectivité territoriale, ainsi que par différents groupes d’experts et de scientifiques.
La relocalisation de Miquelon est donc initiée, mais doit encore faire face à de nombreux défis – financiers, législatifs, politiques, techniques et environnementaux. S’adapter nécessite d’accepter le changement, mais aussi d’avoir conscience qu’une stratégie peut mettre des décennies avant de se concrétiser. Pendant ce temps, l’élévation du niveau de la mer et ses impacts associés se poursuivent.
[1]– Le Groupe des sept (G7) est un groupe de discussion et de partenariat économique de sept paysréputés en 1975 pour être les plus grandes puissances avancées du monde qui détiennent environ les 2/3 de la richesse nette mondiale puis 45 % en 2019 : Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni. Le groupe rassemble 7 des 10 pays avec le plus important PIB du monde, avec l’absence notable de la Chine qui occupe le 2e rang. Le sommet du G7 réunit chaque année les chefs d’État ou de gouvernement de ces pays, ainsi que les présidents de la Commission et du Conseil européens (ainsi que, pour certaines activités, des représentants d’autres pays ou d’autres unions internationales, invités à participer). Source : Wikipedia.
[2]– Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE, en anglais United Nations Environment Program, UNEP) est une organisation dépendante de l’Organisation des Nations unies, créée en 1972, et ayant pour but de : coordonner les activités des Nations unies dans le domaine de l’environnement, assister les pays dans la mise en œuvre de politiques environnementales.
Depuis que la notion de développement durable a été forgée (rapport Brundtland, 1987), le PNUE a cherché à intégrer la problématique environnementale dans des politiques plus globales de développement durable. Son siège se trouve à l’office des Nations unies à Gigiri au nord de Nairobi (UNON1) au Kenya. Le PNUE a été la première organisation de l’ONU basée dans un pays en développement. Source : Wikipedia.
Annexe au § 3 La pollution sur Terre et en Mer
Les plastiques envahissent les océans. Sauvez-les… avec votre smartphone !
Par Sylvie Rouat. Publié le 5 octobre 2015 sur le site de Sciences et Avenir.
Le constat réalisé par l’association 7e continent, après avoir mené une expédition dans l’Atlantique Nord, est alarmant. Pour tenter d’y remédier, une application smartphone est lancée.

Des dauphins jouent avec des sacs plastiques aux Bahamas. © SUPERSTOCK/SIPA
Urgence
L’association 7e continent a lancé une application citoyenne sur smartphone (les liens de téléchargement sont en bas de l’article) : celui qui découvre un endroit pollué au coin de sa rue, sur les bas-côtés des routes, sur les berges de fleuves, etc., le photographie, l’application le géolocalise et transmet les informations à un réseau d’associations, de collectivités, d’industries intéressées au ramassage des déchets plastique et à leur recyclage. Cela diminuera le risque de voir ces déchets se retrouver dans l’océan. Car il y a urgence : « Nous sommes en train de plastifier les océans, c’est une catastrophe », s’exclame Francis Vallat, président de l’association 7econtinent, lors de la présentation des résultats de l’expédition 2015. Le navigateur-explorateur Patrick Deixonne a en effet mené son équipage de scientifiques du 28 mai au 8 juin dans le gyre de l’Atlantique Nord. Là, dans la mer des Sargasses, se concentrent aujourd’hui des milliards de débris de plastiques, transportés sur de longues distances par trois grands courants océaniques qui, sous l’effet de la force de Coriolis[1], font converger les objets flottants vers le centre de l’océan. Le phénomène, connu depuis moins de 15 ans, s’est en réalité installé dans les gyres (tourbillons) immenses qui occupent les 5 grandes bassins océaniques du monde comme le montre cette carte :

PHOTO Concentration de plastiques dans les océans (carte)
Cinq gyres piègent les plastiques : en Atlantique Nord et Sud, dans l’océan indien et dans le Pacifique Nord et Sud. Le gyre du Pacifique Nord, baptisé Great Pacific Garbage Patch, s’étend ainsi sur une surface estimée à six fois celle de la France (3,43 millions de km² et jusqu’à 30 m de profondeur).
Origines
D’où viennent ces déchets de plastique ? A 80 % des continents : bouteilles, bidons, emballages, sacs plastiques, textiles synthétiques, morceaux de polystyrène, etc. Ainsi que les fameuses micro-billes plastiques, qui fleurissent comme autant d’arguments publicitaires dans les produits cosmétiques, mais sont mal filtrées par les stations d’épuration. A tel point que des scientifiques américains ont appelé, la semaine passée, à leur interdiction totale. Le plastique envahit nos vies : en 1950, on produisait 1,5 million de tonnes de déchets plastiques ; en 2020, on en produira 300 millions ! Or seulement 5% de ces déchets sont recyclés, tandis que 10% finissent dans l’océan, drainés par les pluies, les vents, acheminés par les eaux usées et les cours d’eau. Gardons en tête que « l’Europe seule possède 100000 kilomètres de côtes et 2 millions de kilomètres de berges qui sont autant de tremplins pour les déchets », rappelle Francis Vallat.
On estime à 300 millions de tonnes la quantité de plastique présente dans les océans »
Ce printemps donc, le catamaran de 18 mètres de l’expédition 7ème continent a parcouru quelques 2500 km dans le gyre de l’Atlantique nord pour y faire des prélèvements, cartographier cette pollution, quantifier et caractériser les macros, micros et nano-débris. Bref, faire un état des lieux. Le résultat est édifiant : on y trouve en moyenne 90 macrodéchets par km2 et quelques 200 000 par km2 de microdéchets ! Sans compter les nanodéchets invisibles qui s’accumulent également dans cette soupe de déchets improprement baptisée le 7e continent. Car en vieillissant, les plastiques se morcellent en morceaux si petits qu’ils ne sont plus visibles à l’œil nu, tout en constituant une pollution bien présente. « Aujourd’hui, on estime à 300 millions de tonnes la quantité de plastique présente dans les océans », estime Patrick Deixonne. *
Or la durée de vie de ces déchets varie de 1 à 5 ans pour un simple fil de nylon à plus de 1000 ans pour une carte bancaire… En guise de navigation océanique, donc, « nous sommes allés dans une décharge, qui plus est une décharge habitée, remarque Benjamin de Montgolfier, biologiste marin au bureau d’étude Aquasearch. Nous pensions que les gyres étaient des déserts, mais pas du tout. Il y a beaucoup de mammifères marins, de poissons, de zooplancton, etc. Nous y avons recensés, pour exemple, 59 groupes d’oiseaux et 4 groupes de cétacés. »
Un écosystème s’est organisé autour du plastique
Les uns et les autres forment la plastisphère, un écosystème organisé avec et autour du plastique, désormais intimement mêlé à l’environnement naturel. Un véritable casse-tête, car toute la chaîne alimentaire est fixée sur les micro et nanodébris ou autour. Rapidement recouverts d’un film de bactéries « qui ne sont pas semblables à ceux qui se développent ailleurs dans l’océan », souligne Alexandra Ter-Halle, ils sont alors assimilés au plancton, premier maillon de la chaîne alimentaire marine. Et de prédateur en prédateur, cette pollution va remonter la chaîne alimentaire.
Une étude américaine[2] parue le 24 septembre a ainsi montré que l’on retrouve des traces de ces débris de plastiques dans la nourriture – poissons et coquillages – consommée par l’homme. Cette étude a été menée à partir de produits vendus sur les marchés de Makassar en Indonésie et de Californie aux États-Unis. Dans le premier cas, des débris anthropogéniques ont été retrouvés dans 28% des poissons et dans 55% de toutes les espèces. De même, aux Etats-Unis, 25% des poissons étaient concernés sur 67% des espèces identifiées, et 33% des coquillages. Retour à l’envoyeur pourrait-on dire avec humour si cela ne soulevait un réel problème de santé publique. D’autant qu’en vieillissant, les déchets de plastique qui contiennent du polyéthylène, soit la plupart des plastiques, deviennent poreux et se transforment en de véritables éponges à polluants organiques persistants et métaux lourds !
Limiter la production de déchets plastiques à la source
Il est donc plus que temps de regarder en face la catastrophe et de remonter ses manches. Comment ? En limitant la production de déchets plastiques à la source. Ainsi, à partir du 1er janvier 2016, les sacs de caisse à usage unique seront interdits en France, comme c’est déjà le cas dans nombre de pays, notamment africains. Il faut aussi empêcher que ces déchets arrivent à la mer. A Paris, un barrage flottant déployé à hauteur de la Maison de la Radio, empêche les objets flottants d’aller plus loin. Mais ce n’est pas suffisant : il faut nettoyer nos berges, nos rivières, nos canaux et nos côtes de manière à ce que les plastiques ne soient pas convoyés par les eaux de pluies et les cours d’eau.
Et là, chacun peut apporter sa petite pierre grâce à l’application 7e continent (gratuite sur Google Play et AppleStore) à installer sur son smartphone.Chaque citoyen peut ainsi s’impliquer dans la lutte contre les déchets plastique avant qu’ils ne finissent dans nos océans. L’application remplit également une fonction scientifique participative. Chaque témoignage alimentera une base de données géante des déchets dans la nature à des fins de connaissance ou de cartographie des sites de pollution. Enfin, l’association 7e continent milite pour que soit instaurée des journées nationales de nettoyage qui, outre leur intérêt immédiat, permettraient de sensibiliser le public. « L’océan est rare et précieux. Il ne constitue que 0,023% de la masse de la Terre », conclut Francis Vallat. Il nous revient d’en prendre soin pour notre propre santé!
Application 7e continent disponible sur Google store et Apple store
Version Android à télécharger ici
Version iOS à télécharger ici
https://itunes.apple.com/fr/app/7e-continent/id1040828552?mt=8



Durée des déchets en mer

[1] – Force de Coriolis : en tournant sur elle-même, la Terre crée une force qui dévie les vastes masses d’eau océanique.
[2] – Rochman, C. M. et al. Anthropogenic debris in seafood: Plastic debris and fibers from textiles in fish and bivalves sold for human consumption. Sci. Rep. 5, 14340; doi: 10.1038/srep14340 (2015).
En lien avec votre article, plasticienne engagée, j’ai réalisé une série sur la pollution des océans conçue à partir de photographies de particules de plastiques trouvées sur des plages aux quatre coins du monde !
https://1011-art.blogspot.com/p/ordre-du-monde.html
Mais aussi réalisée pour le Muséum d’histoire naturelle de Grenoble « Anthropocène » : https://1011-art.blogspot.com/p/planche-encyclopedie.html
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