La presse s’en fait l’écho : « des promoteurs veulent raser le KYKLOS »
Affolement général, une pétition se met en place : « il faut sauver le KYKLOS »
Qu’en est-il ?
Ce bâtiment emblème de la station de Port-Leucate est depuis bien longtemps tombé en déshérence. Il n’est pas le seul sur la station et le diagnostic commercial est assez clair :
Des équipements commerciaux marqués par de fortes contraintes : enclavement et manque de visibilité, aspect peu qualitatif, structure juridique en copropriété en sont les principaux écueils.
Les copropriétaires commerçants :
- Ils n’ont pas su gérer cet ensemble en « bon père de famille » même si d’importants travaux ont été réalisés : ravalement, étanchéité des nombreuses terrasses. Ils n’ont pas pris la mesure du potentiel que pouvait offrir cette structure et n’ont pas su investir collectivement.
- Quelques tentatives ont été menées auprès du FISAC (fond d’intervention pour la sauvegarde de l’artisanat et du commerce) laissant espérer une issue en vain.
- Une forte disparité économique entre les commerces du haut et ceux du bas, ceux de l’arrière du bâtiment, aucun projet commun visant à valoriser l’immeuble et le lieu n’a jamais vu le jour.
- La disparition de la supérette dans un local jamais exploité depuis en est une illustration.
- Une animation exclusivement privée et difficile à organiser collectivement.
- Un climat de copropriété délétère ou chaque assemblée générale est un combat.
- 2015, démission du syndic en place.
- Nomination d’un administrateur judiciaire, (il en a fallu trois) aucun règlement des charges. Une copropriété exsangue.
Dix ans de procédure à l’instar d’un copropriétaire ont fini par liquider tous les espoirs dans la recherche d’une solution.
De charybde en scylla.
Le coup de grâce :
Le Maire fait prendre un arrêté de péril suite à une ordonnance du 19 avril 2018, juste avant la saison et ne concernant que les commerces à l’étage.
Des travaux de première urgence sont détaillés sur le rapport. Le syndic judiciaire les fait exécuter aux frais des copropriétaires.
Le 12 mai 2020, un rapport d’expertise du CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment) conclut : « Les désordres observés ne sont pas liés à un défaut structurel »
Trois saisons plus tard, la majorité des copropriétaires a cherché à se séparer de son bien, à récupérer un peu de son investissement d’autant plus que les normes ERP (Établissement recevant du Public) sont opérantes dès à présent.
La cession, seule solution qui s’offrait à eux pour se sortir de ce piège.
Ils ont signé majoritairement des propositions d’acquisition de leur bien avec des conditions suspensives et notamment l’augmentation de la surface plancher (à construire) du double de celle existante. Il faut préciser qu’une partie de la route se situe sur l’assiette foncière de la copropriété.
Le projet est bien la démolition et la reconstruction de l’immeuble, quelle autre solution s’offrait à eux ?
La commune :
Dès 1994 et ensuite en 2003, la commune s’est intéressée aux conditions de rénovation de l’immobilier commercial sur Port Leucate, mais n’en a jamais tiré de leçons prospectives.
L’accroissement de la fréquentation de la station, le vieillissement des centres commerciaux du Port, la rénovation de l’ensemble immobilier du KYKLOS, la vocation pour le centre commercial des Maisons de la Mer ont été les sujets abordés dans l’intimité du cercle municipal de l’époque.
Un constat clair, rappelé ici :
« Un fonctionnement urbain, des équipements commerciaux existants marqués par de fortes contraintes : enclavement, manque de visibilité, aspect peu qualitatif, structure juridique en copropriété. »
Si le constat semblait intéressant à partager pour trouver les solutions d’avenir, la suite donnée n’a pas tenu compte du diagnostic.
Et pourtant la commune a été propriétaire d’une importante cellule commerciale pendant plus de dix ans au KYKLOS.
A ce titre, elle a régulièrement été informée des difficultés rencontrées par la copropriété.
Plus de 25 ans de déshérence, aucune valorisation de ces centres commerciaux n’a été à l’ordre du jour, aucune coordination n’a été entreprise.
Déplacement du L’IDL sur l’entrée de la station, ouverture des commerces du centre commercial du port vers l’extérieur, bétonisation de la place des Arènes, déplacement des six courts de tennis et de son magnifique club house (seule structure sportive au cœur de la station), disparition de la piscine et du célèbre Sardinal en front de mer….
Tout cela bien loin des objectifs : améliorer l’image du front de mer, améliorer le fonctionnement urbain de ces deux centres commerciaux, le Kyklos et les Maisons de la Mer.
Et que dire de la plage, la qualité des plages s’inscrit pourtant au cœur des enjeux de développement en raison de la place qu’elle occupe sur notre station dans les stratégies de promotion touristique. Écoutez le maire le 20 mai 2020 en pleine pandémie : « faut bien le comprendre, l’activité économique ici tout repose sur la plage, l’accès à l’eau… »
Les paillotes semblent plus attractives à ses yeux que les deux seuls emblèmes sur la plage de la station de PORT-LEUCATE Le KYKLOS et L’HACIENDA.
La dimension patrimoniale dans les faits est absente dans l’esprit de nos élus : « Le KYKLOS est une affaire privée assènent-ils »
Quant à la dynamique que pourrait engendrer la réhabilitation de ces lieux et au bénéfice que la commune pourrait en tirer ou au projet qu’il serait utile de mettre en œuvre sur l’animation des plages et autour de ces ensembles, il semble que la réflexion soit totalement absente.
Tout au plus dans le cadre d’un projet commercial imposeront-ils « un geste contemporain, un super architecte pour une architecture blanche… » (propos du Maire)
Les habitants :
Outre les caractéristiques architecturales de l’immeuble, c’est un lieu mythique pour plusieurs générations de Leucatoises et de Leucatois, les souvenirs d’enfance, ceux sur lesquels on se construit une histoire sont présents dans leur mémoire. Le KYKLOS, un socle commun des souvenirs de vacances. Son premier rendez-vous galant, les nuits endiablées, les clairs de lune sur la plage, une plage étonnamment familiale.
Comment voulez-vous que les habitants se désintéressent de ce lieu ?
Dès qu’ils ont appris la réalité des difficultés, ils se sont inquiétés.
La disparition de cet emblème est vécue comme un crève-cœur et une mobilisation se fait entendre.
Une pétition lancée par Madame DEFIVES recueille aujourd’hui plus de 2000 signatures.
La presse, Le journal Le Monde, l’Indépendant, la Dépêche du midi se sont fait l’écho de ce dossier :
La DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) penchée sur le dossier, n’a pas souhaité classer ce bâtiment alors qu’elle venait de classer « LES CARRATS ».
Un projet de réhabilitation remis à Monsieur Le Maire semble avoir été retoqué par l’(ABF) l’architecte des bâtiments de France.
L’association DOCOMOMO groupe de travail français pour la valorisation et la protection de l’architecture, de l’urbanisme et des paysages du 20ième siècle est également présente dans cette défense.
Le KYKLOS peut-il redevenir l’emblème de la station et un véritable lieu de vie du bord de mer cher à tous les Leucatoises et Leucatois ?
Il faudrait pour cela, une vraie volonté de tous les acteurs et une vision globale et partagée du devenir de la station.









